Papá

Ça fait un moment que tu es parti
Et je n'ai toujours pas pu te dire adieu
Penser à toi est devenu un vrai supplice
La culpabilité ne s'en va pas, elle reste ici avec moi

Je n'ai jamais osé te le dire, c'est pour ça que je t'écris
La nuit, tu réapparais, car je rêve encore de toi
Je sais que je ne te reverrai pas, pardonne-moi si tu peux
Mais tu me connais déjà et te rappeler me fait mal

J'ai toujours voulu te parler, t'aider sur ton chemin
Profiter des quelques moments que j'ai passés avec toi
Mais tu ne m'écoutais pas, tu regardais dans le vide
Et moi, je m'en allais en silence, voyant ton visage de loin

Je ne sais combien de nuits sans dormir à l'aube
Je me sentais impuissant à ne pas savoir à quoi tu pensais
Je t'ai toujours aimé malgré tes doutes
Au fond de mes yeux, il y a toujours ton regard

J'essaie d'être fort mais je t'ai pleuré en cachette
Quand personne ne peut me voir et je ne veux pas pleurer maintenant
Et j'ai appris à être courageux, je ne crains pas la mort
Mais c'est dur de respirer quand la vie m'étouffe

Si seulement j'avais pu arriver à temps
Mais je t'ai vu t'éteindre dans ce dernier souffle
Je sais que tu m'as vu, nos regards se sont croisés, j'ai compris
Tu voulais voler jusqu'à la fin, te dissiper et te perdre dans le temps

J'ai une tache dans l'âme qui ne s'effacera jamais
J'ai une immense impuissance, j'ai des milliers de questions
J'ai de la colère en me rappelant et une tristesse qui m'inonde
J'ai ton sang et tes mains et une profonde dépression

Dis-moi pourquoi tu nous as laissés et pourquoi tu n'as pas lutté, papa
Tu as laissé un grand vide à mon frère, à moi et à maman
Tu t'es éteint dans mes bras, je ne l'oublierai jamais
Aujourd'hui, je veux te parler, que tu m'écoutes même si je sais que tu n'es plus là

Travailleur comme aucun autre, 14 heures à la chaîne
Toujours attentif à tous, avec toi rien ne manquait
Tu nous emmenais au marais pour chanter ensemble
Les nuits d'angoisse pour que je me calme

Tu étais toujours là, tu étais de ceux qui ne faillaient jamais
Et tu disais que même si la vérité faisait mal, il fallait l'affronter
Un regard suffisait pour savoir ce qui se passait
Homme de peu de mots, tu parlais avec le silence

Aujourd'hui je te chante, heureux, sans plus de remords
Juste pour te rappeler et que tu n'oublies pas que je pense à toi
Avec soin, pour que cette chanson te parvienne au ciel
Et au cas où je ne te l'ai jamais dit, je t'aime

Que ton âme n'est pas seule, elle est avec moi à chaque heure
Descends un moment avec moi avec la guitare espagnole
Allons chanter comme avant sans que le temps ne passe
Maman t'aime, je le sais car elle pleure encore pour toi

Le silence dans le salon porte ton nom gravé
Je peux te voir dans la fumée de ce cigare éteint
Dans l'odeur de ce dernier câlin que nous nous sommes donnés
Dans nos discussions sur le monde et le destin

Je peux te voir dans les rires de cette blague que tu racontais
Sur le canapé rouge de la maison où tu étais toujours
Au fond de l'évier dans chaque goutte de vin
Je peux te voir partout car tu ne m'as pas quitté

Ton dernier souffle était avec moi et je ne l'oublie pas
Tes yeux noirs regardant les miens
Aujourd'hui, je veux enterrer toute cette culpabilité
Qui chaque nuit m'insulte et me rappelle ta fin

Je veux que les questions cessent
Ma main sur ta tombe
Je te pardonne et je me pardonne
Maintenant, nous sommes en paix