Malinconia
Riccardo Fogli
Mélancolie
Mets une période sombre, là sans amour
à la recherche d'une nuit faite pour boire
et fais de toute ta vie un verre
et attends une aube qui t'emmène dormir.
Et c'est de la mélancolie,
te suit sur le chemin,
te laisse après une heure,
mais tu sais qu'elle revient encore.
Mets un ami qui doit maintenant partir,
probablement il ne donnera plus de nouvelles :
tu ne sais pas si pleurer ou essayer de rigoler,
tu ne dis rien et tu as mille choses à dire.
Et c'est de la mélancolie
a te tenir compagnie,
t'a toujours raison,
mais en échange, qui sait ce qu'elle veut ;
et c'est de la mélancolie
en une heure qui s'en va
ou une année à oublier, seuls au fond d'un bar.
Mets qu'un jour tout à coup dans la rue
tu te demandes si c'est seulement ça la vie,
tu parles une langue que pour les autres est fausse
même en restant à cent mètres de chez toi.
Et c'est de la mélancolie
amie ou pas, c'est ça
ce qui te reste quand le monde ne te suffit pas ;
et c'est de la mélancolie
et c'est la périphérie
c'est la seule qui ressent si tu vas vraiment mal.
Mets qu'à présent, après tant de mots,
derrière la porte, celui qui t'attend c'est l'amour
que peux-tu faire, tout était déjà prévu
au fond c'est clair, nous vivons pour ça.
Mets que le monde, pendant un mois ou un instant,
t'oublie presque complètement
les soirées où chez toi, seul comme un chien
tu manges quelque chose juste pour ne pas mourir.
Et c'est de la mélancolie
un peu de tout le monde, aussi un peu la mienne
c'est la seule qui attend quand le temps presse ;
et c'est de la mélancolie
qui t'emporte avec elle,
c'est un train un peu enchanté
que tu prends seulement si tu as fait une erreur.