Carta De Un Leon A Otro
Raúl Lavié
Lettre d'un lion à un autre
Désolé, mon frère, si je te dis
que j'ai pas eu envie de t'écrire.
Je ne sais pas si c'est l'enfermement, je ne sais pas si c'est la bouffe
ou le temps que je passe dans cette vie.
Ce qui est sûr, c'est que le zoo déprime
et le mal ne se répare pas sans amour.
Si ce n'était pas pour ces gamins, qui apportent leur joie,
ce serait encore plus amer.
J'espère que tu t'en sors mieux,
voyageant à travers le monde,
mais d'après ce que tu me dis,
le dompteur te fait bosser plus que de raison.
Tu dois comprendre, frère,
que le maître est un vrai salaud :
ne pouvant pas diriger ceux qu'il veut,
il décharge son pouvoir sur les bêtes.
Beaucoup d'humains
sont importants,
sur leur trône,
avec le fouet à la main.
Mais pour revenir à moi, rien n'a changé
ici depuis qu'on a été séparés.
Il y a quelque chose, pourtant, que je remarque chez les gens :
on dirait qu'ils regardent différemment.
Leurs yeux ont perdu un peu d'éclat
comme s'ils étaient les captifs.
Je sais de quoi je parle, parie ce que tu veux
qu'à l'extérieur, ils ont des milliers de problèmes.
Retourner à la nature
serait leur plus grande richesse.
Là, ils pourraient s'aimer librement
et il n'y a pas de zoo de gens.
Prends soin de toi, frère,
je ne sais pas quand,
mais ce jour-là
approche à grands pas.