Juana La Loca
Joaquín Sabina
Juana La Loca
Après toute une vie de bureau et de faux-semblants
Après toute une vie sans pouvoir bouger le cul
Après toute une vie à voir les gens bien
Se moquer de ceux qui cherchent l'amour à contre-courant
Après toute une vie dans un triste délire
À collectionner des regards dans le grenier du désir
Soudain un jour
Tu as cessé de penser à ce qu'ils penseraient
S'ils le savaient
Ta femme, tes enfants, ta concierge
Et tu es sortie dans la rue
Avec des talons et un sac, et Felipe le Beau par la taille
Depuis que tu te maquilles les lèvres
Au lieu de Don Juan, on t'appelle Juana la loca
Après toute une vie à réprimer les instincts
À prendre un chat pour un lièvre, niant que tu es différente
Après toute une vie à mettre des barrages à la mer
Travailleur irréprochable, époux et père exemplaire
Après toute une vie sans pouvoir sortir les plumes
Rêvant de corps nus entre des draps de mousse
Soudain un jour
Tu as cessé de penser à ce qu'ils penseraient
S'ils le savaient
Ta femme, tes enfants, ta concierge
Que dans le cinéma Carretas
Une main d'homme chaque nuit plonge dans ta braguette
Depuis que tu te maquilles les lèvres
Au lieu de Don Juan, on t'appelle Juana la loca