Siempre se vuelve a Buenos Aires
Eladia Blázquez
On revient toujours à Buenos Aires
Cette ville est ensorcelée, sans savoir...
par le charme captivant de revenir.
Je ne sais pas si c'est pour le meilleur, je ne sais pas si c'est pour le pire,
revenir a la magie d'un rituel.
Je suis d'ici, d'un autre endroit je ne peux pas être...
Je me reconnais dans l'habitude de revenir !
À me retrouver en moi, à apprécier ensuite,
les choses que j'ai perdues... La vie qui s'est envolée !
Je suis arrivé et je suis presque prêt à partir...
Sentant que je m'en vais, et je ne veux pas partir.
J'ai tourné le coin de moi-même, pour comprendre,
que personne n'échappe au fatalisme de son propre être !
Et je marche sur les pavés,
les roses s'épanouissent en moi par le retour... !
Cette ville, je ne sais pas si elle existe, si c'est le cas...
Ou un poète l'a inventée pour moi !
C'est comme une femme, prophétique et fatale
réclamant le sacrifice jusqu'à la fin !
Mais elle a aussi une autre voix, une autre peau ;
et le geste ouvert de la table de café...
Le sentiment en fleur, la main fraternelle
et le visage de l'amour à chaque seuil.
Je sais que ce n'est pas un hasard, d'être né ici
et d'être un peu comme ça... triste et sentimental.
Je sais que ce n'est pas un hasard, qu'un accordéon pour nous deux,
nous chante l'enterrement pour dire... Adieu !
Te dire adieu à toi... tu vois, ça ne peut pas être.
Si toujours et encore tu es, une raison de revenir !
On revient toujours à Buenos Aires, pour chercher
cette manière mélancolique d'aimer...
Seul celui qui a dû vivre le sait
malade de nostalgie... presque à mourir !...