Cafetín de Buenos Aires
Edmundo Rivero
Cafetín de Buenos Aires
Depuis gamin, je te regardais de l'extérieur
Comme ces choses qu'on n'atteint jamais
Le nez collé contre la vitre
Dans un bleu de froid
Qui n'est venu qu'après en vivant
Comme le mien
Comme une école de toutes les choses
Déjà petit, tu m'as donné entre étonnements
La cigarette
La foi dans mes rêves
Et un espoir d'amour
Comment t'oublier dans ce cri
Cafetín de Buenos Aires
Si tu es la seule chose dans la vie
Qui ressemblait à ma mère
Dans ton mélange miraculeux
De sages et de suicidaires
J'ai appris la philosophie, les dés, le poker
Et la poésie cruelle
De ne plus penser à moi
Tu m'as donné en or une poignée d'amis
Qui sont les mêmes qui encouragent mes heures
(José, celui de la chimère)
(Marcial, qui croit encore et espère)
(Et le maigre Abel, qui nous a quittés)
(Mais qui me guide encore)
Sur tes tables qui ne posent jamais de questions
J'ai pleuré un après-midi le premier désenchantement
Je me suis fait aux peines
J'ai bu mes années
Et je me suis laissé aller sans lutter.