El Surco
Chabuca Granda
Le Sillon
Dans un sillon ouvert, j'ai vu germer
Une étoile d'une solitude infinie
Et avec un panier, je l'ai vue arroser
Avec l'eau d'un ruisseau d'obscurité
Ah, malheur, la semence a pourri
Et l'eau du ruisseau s'est mise à couler
À l'étoile, elle aime la clarté
Et à l'eau du ruisseau, la liberté
L'étoile n'a pas porté de fruit, elle est partie briller
Et l'eau du ruisseau est venue la garder
Dans une heure triste, j'ai voulu chanter
Et dans mon chant, j'ai voulu pleurer
Et dans mes pleurs, j'ai voulu crier
Mais je chante juste pour me taire
Ah, malheur, l'heure où j'ai chanté
Ah, malheur, l'heure où j'ai pleuré
Si en pleurant on crie pour se taire
Et en se taisant, on étouffe la liberté
Je n'ai pas encore eu l'heure de briller
Ah, malheur, l'heure où j'ai chanté
Et l'étoile s'est envolée vers le souvenir
Et la lumière de son incendie est restée derrière
Et dans le sillon, le silence commence à crier
Et son verre assoiffé n'atteint pas la mer
Et ainsi l'étoile est partie vers sa solitude
Ainsi l'étoile est partie vers sa clarté
Ah, malheur, l'heure où j'ai chanté
Ah, malheur, l'heure où j'ai crié
Ah, malheur, l'heure où j'ai pleuré
Je n'ai pas encore eu l'heure de briller
Ah, malheur, l'heure où j'ai chanté
Je n'ai pas encore eu l'heure de briller
De briller
De briller