Poema 15
Victor Jara
Poème 15
Tu me plais quand tu te tais, car tu sembles absente,
et tu m'écoutes de loin, ma voix ne te touche pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés
et qu'un baiser t'aurait fermé la bouche.
Comme toutes les choses sont pleines de mon âme,
tu émerges des choses, pleine de mon âme.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme,
et tu ressembles au mot mélancolie.
Tu me plais quand tu te tais et que tu es distante.
Et tu sembles te plaindre, papillon en douceur.
Et tu m'écoutes de loin, ma voix ne t'atteint pas :
Laisse-moi me taire avec ton silence.
Laisse-moi te parler aussi avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme une bague.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et simple.
Tu me plais quand tu te tais, car tu sembles absente.
Distante et douloureuse comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.