Preludio de Giron
Silvio Rodriguez
Prélude de Giron
L'air prend la forme d'une tornade
Et dedans sont attachés
La mort et l'amour.
Une colonne sombre se lève
Et les enfants arrachent
Leurs jeux d'un coup.
Grand-mère, tes ciseaux sont rustiques
Et coupent d'autres maux
Mais ce vent, non.
Garde ta prière, vieux ami,
Et invoque peralejo,
C'est mieux pour nous.
Personne ne va mourir, surtout pas maintenant
Que cette femme sacrée fronce les sourcils.
Personne ne va mourir, toute la vie
N'est qu'un bref instant de son rêve.
Personne ne va mourir, toute la vie
Est notre talisman, est notre manteau.
Personne ne va mourir, surtout pas maintenant
Que le chant de la patrie est notre chant.
Devant la colonne, en avant,
Là où a toujours voyagé
La visée du fusil,
Que parle la fertile précision,
Que cette gorge envoie
Ma façon de vivre.
Avec la mort, toutes les choses certaines
Ont gravé une porte
Au centre d'avril.
Avec la patrie s'est dessiné
Le nom de l'âme des hommes
Qui ne vont pas mourir.