Boga Boga
Silvio Rodriguez
Boga Boga
Que ce soit le jour ou la nuit
Le pêcheur sort en mer.
La mer ne lui a pas donné d'horaire
Pour naviguer encore.
Boga, boga, boga, retourne à ramer
Boga, boga, boga, au boulot.
Que ce soit le jour ou la nuit
Le pêcheur et sa peau
Ont des filets, ont des hameçons
Et portent des devoirs.
Boga, boga, boga, retourne à ramer
Boga, boga, boga, au boulot.
Les heures passent, les jours s'en vont
Et se comptent par mois
Et sa joie et sa tristesse
Les poissons les connaissent bien.
De ses mains doivent partir
Chaque coin de l'avenir
Le visage de sa fiancée
Sa mère ou celui qui est né
Le même jour qu'il est parti.
Alors il jure que maintenant
Il va vraiment vivre.
Alors il jure qu'il ne sortira plus jamais.
Que cette fois c'est la dernière
En mer.
Et le temps passe
Et il ne voit pas le jour de revenir.
Et le temps passe
Entre dangers sans femme
Et le temps passe
Qui ne laisse pas respirer.
Mais la terre se termine
Quand le pêcheur revient
C'est pourquoi il retourne toujours, à la mer
Son grand amour.
Boga, boga, boga, retourne à ramer
Boga, boga, boga, au boulot.
Et il va d'océan en océan
Avec son hameçon et son filet
Que le tonnerre tombe ou que le vent souffle
C'est là qu'on le voit.
Boga, boga, boga, retourne à ramer
Boga, boga, boga, au boulot.
Personne ne sait comment rêve
Comment rêve un pêcheur
Chaque fois qu'il attrape un poisson
Là se trouve son amour.
Boga, boga, boga, retourne à ramer
Boga, boga, boga, au boulot.
Le pêcheur a à bord
Une palme et un amour.
L'amour le tire du fond
La palme du cœur.