Mujer Con Sombrero
Silvio Rodriguez
Femme Avec Chapeau
Je ne suis pas venu à toi, c'est toi qui es venue...
Je ne t'attendais pas et je t'ai embrassée
On suppose que je dois me taire
On suppose que je dois rire
On suppose que... je ne dois pas protester
On suppose que tu es un cadeau
Qui s'est cassé tout de suite
Et maintenant, rien, c'est comme d'habitude
On suppose que tu es le chapeau d'une fête
Un de ces chapeaux en carton, pour l'occasion
Oh ! femme...
Si tu savais combien la lumière était brève
Dans la maison d'un enfant, dans un grand immeuble
Et que c'était l'heure tant attendue du départ
Tu ne m'aurais pas embrassé sur l'épaule une fois
Oh ! femme...
Si tu savais, combien cette lumière était brève
Dans une maison, qu'on appelait la nuit
Dans une maison où il n'y avait pas d'autre porte
Que celle de la raison de cet enfant sans foi
Maintenant, on suppose et rien de plus
Moi aussi, j'aimerais supposer
Que la lâcheté n'a pas existé
Que c'est un vieux conte pour s'endormir
Mais je reste là... au milieu de moi.
Et au milieu des mêmes murs
Souriant aux amis
Allant là-bas, prenant le petit déjeuner
Mais je reste ici à applaudir encore une fois
Les fantômes de six heures
Oh ! femme...
J'espère qu'avec toi, l'amour va s'arrêter
J'espère que tu as tué ma dernière faim
Que le ridicule finit implacable avec moi
Et moi, en chien fidèle, je le transforme en chanson
Oh ! femme...
Ne te blâme pas, la culpabilité est un jeu de hasard
Personne ne sait à quel point tu peux être mauvaise en riant
Ni à quel point un cadeau peut être cruel
N'aie pas peur du jour qui va se terminer
N'aie pas peur des ponts, qui tombent à la mer
N'aie pas peur de mon dernier éclat de rire.