Cuentas Del Alma
Rubén Blades
Les Comptes de l'Âme
Toujours la nuit, ma mère cherchait le sommeil
devant la télévision, et me demandait s'il te plaît,
ne l'éteins pas ; sa solitude dans cette chambre
ne tenait pas, même si elle ne l'a jamais avoué.
Moi, enfant, je ne comprenais pas son horreur, car on est jeune
et on ne sait rien de l'amour ; j'ai grandi en voyant ma mère vivre
accrochée à un espoir qui l'a enterrée, toute
amère, dans une nuit qui n'a jamais fini.
Et ma mère a toujours eu peur de la nuit depuis le jour
où mon père est parti. Aujourd'hui je la regarde et je comprends que
elle pense encore que les comptes de l'âme ne se terminent
jamais d'être réglés.
Aujourd'hui je comprends sa douleur, et à quel point c'est terrible d'aimer
une illusion qui est piégée entre l'ombre du
passé, et qui la nuit se libère et va à ses côtés
comme le fantôme d'un amour qui n'est pas mort.
Ma mère a toujours eu peur de la nuit depuis le jour
où mon père est parti. Aujourd'hui je la regarde et je comprends que
elle pense encore que les comptes de l'âme ne se terminent
jamais d'être réglés.