Pasame a Buca
Rita Indiana
Passe-moi à Buca
La nuit va tomber
Et je suis à bout de souffle
À force de bosser au milieu
De la ville
Je suis venu ici
Pour ramasser des sous
Et j'ai traversé ce canal complètement à la nage
Mais ici, il faut suer
Pour gagner des centimes
Et je nettoie une maison
Là-bas à Güaynabo
Lui, c'est un vétéran, il lui manque une jambe
Elle est publicitaire, comme tu le vois
Ils ont quatre filles, dont toutes sont moches
La première a un œil qui traîne, l'autre vit avec la chiasse
La troisième a un nom, je crois que c'est Anacaona
Et la quatrième a un nom qui n'est pas humain
C'est Chiry, ou Chily, ou Chary ou Kany
Elles veulent me faire grimper parce que je suis dominicaine
Quand les papas ne regardent pas, je leur mets des coups
Quand je sors de cette maison
Le sang me chauffe
Et dans mon cœur, j'ai un onze septembre
Et avec cette chaleur
J'ai envie de rouler
Et rouler la nuit a toujours été mon endroit
Ce que je veux, c'est boire, ce que je veux, c'est m'éclater
Passe-moi à Buca, passe-moi à Buca
Passe-moi à Buca sur ta bicyclette
Comme celle d'Edward
Qu'elle ne fasse pas de bruit
Passe-moi à Buca dans la Mercedes de ta grand-mère
Je l'offre à Trujillo quand elle était bien
Passe-moi à Buca sur ta planche à roulettes
Pour qu'on fasse des tricks toute la nuit
Passe-moi à Buca, passe-moi à Buca
Passe-moi à Buca, passe-moi à Buca
Je ne veux pas de pisicorre ni de train urbain
Ce que je veux, c'est te toucher
Sur la route vers Piñones et que les coquis
Nous chantent des chansons
Car même si ces Boricuas veulent m'achever
Il faut célébrer qu'on est encore en vie
Que la mer ne m'a pas englouti
Que nous sommes deux, toi et moi
En arrivant à Mayagüez, les requins m'ont dit que
Tu m'attendais avec un Toyota
Avec ces yeux et cette grande bouche
Passe-moi à Buca
Guayó