Desnuda Madrugada
Rebeca Lane
Aube Dénudée
La fenêtre s'est ouverte, la bougie s'est éteinte
À l'intérieur, seul le feu éternel des heures me brûle
La solitude, la dame qui m'accompagne le mieux
Je ne lui demande pas d'amour et elle ne me pose aucune question
Et ainsi commence ma vie dans les aubes
Je fais l'amour aux mots
C'est dans le silence que les muses me parlent
Ou au milieu du putain de chaos de cette vie insipide
N'ayez pas peur, mes vies, de se montrer
Si vous voulez, je vous tends la main pour pouvoir vous exprimer
Faisons quelque chose de plus profond que l'art
De mes veines sort de l'encre, de la fumée sort de mes phrases
Parfois, cela me semble de la poésie
Et d'autres fois, des malédictions pour apaiser mon agonie
C'est nécessaire sur la carte de ma vie
De localiser les épines et d'ouvrir mes blessures
C'est un acte de complète nudité
Cette feuille blanche exige les mensonges à mes pieds
Des âmes en peine murmurent des vérités à mes oreilles
En tant que porte-parole, j'ajoute aussi mes méchancetés
Je les laisse parler comme Judas à Satan
Et je les transcris en un rythme comme cette piste en un piz paz
L'obscurité est la reine de la nuit et il n'y a pas de reproche
Quand le soleil se lève, je suis absorbée dans le plaisir
Je tisse le temps dans mon nombril
Dans ma gorge, il n'y a pas de secret et je continue à cracher des vers
Je n'écris pas pour t'impressionner, encore moins pour t'éclipser
Si mes mots ne me font pas rage, je m'intoxique sur le moment
La poésie est une blessure héritée
D'un pacte de naissance, un éclair qui me fend l'âme
Sangloter avec des mots putréfiés
Laisser couler des métaphores diaphanes et des syllabes douloureuses
Je décodifie l'univers, il est fait d'alphabets
J'actualise la souffrance en langage de ces temps
Il vaut mieux haïr en haïssant en vers
Je porte des voix d'autres voix dans ma voix
Des voix d'Indiennes violées par des Allemands ou des Espagnols
De sorcières brûlées sur le bûcher de l'inquisition
Des voix de religieuses, lettrées, condamnées à l'exil
De poètes proscrits en cravate et pantalon
Des voix de femmes battues par des abuseurs machistes
De têtes coupées pour avoir défendu leurs droits
Guerrières, putes, amazones, Magdalenes, il n'y a pas de stop
Je ne suis pas poète
Je crie juste sur une feuille de papier
Quand les larmes restent dans la gorge
Ou quand, par exemple
Je préfère te maudire par écrit
Je ne suis pas poète
Je ne le suis pas
Juste, parfois, je me sens mal à l'aise avec tant de choses que je considère de la merde
Et je dois les vomir
Publiquement au nom de ma santé mentale