La Villerita
Mercedes Sosa
La Villerita
La villerita
Un coin de tôle, carton et fer,
Elle se maquille,
Coiffe ses cheveux,
Blond doré tout juste teinté
Qui hier était noir.
Des talons trompeurs,
À peine dix-sept ans
Tout juste fêtés.
Elle quitte le nid,
La grand-mère veille
Dors tranquille
Mon doux enfant...
Vole, vole en rêvant d'un jour
Comme toutes les joies tant méritées,
Celle qui dans les magazines fait envie,
Mauvaise graine, balle perdue...
Vole, vole haut ses ambitions,
Rêve de trouver des solutions
Pour chasser la misère de ses recoins,
Un toit et un abri sans privations...
Je t'ai vue nue, ton corps gelé sans honte
Sous le manteau,
Et amoureux
Pour deux sous le même juge
Qui t'a condamnée.
Supermarché
Vente de baisers, plaisir et délices
Pour quelques sous
Vingt fenêtres
Avant le pont, très peu de lumière
Panaméricaine...
Vole, vole haut pour qu'on ne t'atteigne pas,
Vole pour qu'on ne t'atteigne pas vautours de boue,
Ceux qui ne font que tirer le chariot,
Huit quarante, il faut les effacer !
Vole, vole haut, colombe blessée,
Vole, vole si tu veux changer de vie,
Vole avant que la nuit couvre tes jours
Ma colombe ! Colombe blessée !
Vole, vole haut pour qu'on ne t'atteigne pas,
Vole pour qu'on ne t'atteigne pas vautours de boue,
Ceux qui ne font que tirer le chariot,
Huit quarante, il faut les effacer !
Ma colombe ! Colombe blessée !
Ma villerita ! Ma colombe !