Una finestra al mar
Lluís Llach
Une fenêtre sur la mer
Une fenêtre sur la mer, un regard
et voir le monde passer entre les barques et toi.
Jouer avec le hasard quand il peint
le Bleu des bleus avec des crêtes blanches.
Une fenêtre sur la mer et ce filet
à lancer vers les étoiles des sentiments perdus
et ne jamais pouvoir lever l'ancre
pour un enchantement et une eau claire.
Que devient Antonia qui a une maison à Cefalù,
elle a ouvert ses portes à cinq enfants d'Albanie
comme une ancienne déesse qui croit encore en l'autel.
Les pêcheurs l'aiment et lui laissent les filets
avec des miroirs en argent.
Une fenêtre sur la mer et perdre l'ancre
et abattre tant de phares et renier les astres... avec toi
pour faire de notre demain
le fruit d'un art imprévisible.
Une petite fenêtre sur la mer, blanche
qui nous oblige à rêver au-delà de nos absurdités,
au-delà de ce petit moi
qui remplit le cœur mais vide l'âme.
Que pense Samir en haut du minaret de Tanger,
les pieds sur la misère et les yeux rêvant de l'Espagne,
il déshabillera son beau corps et le jettera à l'eau.
Que les dieux fassent qu'avec la force des nostalgies
il puisse hisser une barque...
Une fenêtre sur la mer pour qu'elle soit habitée
par tes yeux inventant des espaces et des limites de lumière
pendant qu'un enfant s'endort
tout en entendant la Petite chanter.
Que devient Ianis qui est parti d'Ikaria
pour aller à la place Omonia et acheter une émeraude
tant de temps, tant de prières et il n'est pas encore revenu,
prisonnier d'un corps inattendu,
d'un désir qu'il n'attendait pas...
Une fenêtre sur la mer, un regard,
un olivier en paix juste au coin,
une petite fenêtre sur la mer, blanche
qui nous oblige à rêver...