Vida
Lluís Llach
Vie
Peut-être que les mots me laisseront
ou peut-être que vous me laisserez
ou juste les années me mettront
à la merci d'une vague,
à la merci d'une vague.
Tandis que tout ça m'arrive,
que ça doit forcément m'arriver,
peut-être que j'aurai encore le temps
de voler à la vie
et ainsi remplir mon bagage.
Tandis que tout ça m'arrive... vie, vie !
Je vois encore parfois,
de temps en temps je vois encore
mes yeux d'enfant qui cherchent,
au-delà du gel du verre,
une couleur au vent du nord.
On m'a dit les voix sages
que c'était inutile de me fatiguer ;
mais pour moi un rêve ne me fatigue jamais,
et malgré ma barbe
je suis enfant dans le regard.
Parfois je vois encore... vie, vie !
Si je deviens vieux dans les mots,
si je deviens vieux dans les mots
s'il vous plaît fermez la porte
et fuyez la nostalgie
d'une voix qui s'éteint.
Que ça ne me fasse pas de peine,
que ça ne me fera pas de peine
et j'irai de branche en branche
pour entendre ce que chantent
les nouveaux oiseaux de mon paysage.
Que ça ne me fera pas de peine... c'est vie, vie !
Si la mort vient me chercher,
si la mort vient me chercher
elle a la permission d'entrer chez moi,
mais qu'elle sache dès maintenant
que je ne pourrai jamais l'aimer.
Et si je dois partir avec elle,
et si je dois partir avec elle,
tout ce qui restera de moi,
que ce soit des vers ou de la cendre
ou un accord de mon voyage,
je veux qu'ils chantent ce signe... vie, vie !
Peut-être que les mots me laisseront
ou peut-être que vous me laisserez
ou juste les années me mettront
à la merci d'une vague,
à la merci d'une vague.
Tandis que tout ça m'arrive... vie, vie !
Tandis que tout ça m'arrive... vie, vie !