Jo sé
Lluís Llach
Je sais
Je sais que si j'entends le pleur
De l'oiseau qui s'envole,
C'est toi qui, dans un coin, pleures,
Comme l'oiseau blessé,
Plein de sang sur la poitrine,
Tu implores un nid dans l'arbre sec.
Mais je veux être,
Pour ta tristesse,
Comme le vieux placard poussiéreux
Qui garde les mauvais souvenirs
Dans l'obscurité
Et t'empêche de pouvoir y retourner.
Mais je ne peux pas te relever.
Pas à pas, ton effort
Fera, juste en le voulant,
Que dans ce désert
De nouvelles branches puissent naître.
Ouvre les yeux et regarde devant.
Tu trouveras toujours quelque chose
Qui désire ton souffle,
Qui dit : "Donne-moi foi,
Je veux continuer le chemin".
Je sais que si au milieu de la mer
Je vois une mouette
Glisser dans la dense brume,
C'est toi qui cherches
Un abri, un refuge,
Un endroit entre les rochers.
Mais je veux être,
Pour ton incertitude,
Le coup de vent qui brise l'air
Et t'ouvre l'horizon
Pour reprendre ton envol
Qui te ramènera à notre plage.
Mais je ne peux pas te relever...
Ouvre les yeux et regarde devant...