A l'estació
Lluís Llach
À la gare
Je t'ai vu comme toujours à la gare, un sourire pur ; aujourd'hui encore
Tu attends un train mystérieux qui vient de loin, s'il va quelque part.
Tout le monde te connaît et, tendrement, tisse des années pour te donner du temps,
combien de temps.
Tu dis qu'à la plateforme, tu n'es pas seul ; des ombres et des jeux vivent avec toi,
ombres d'adieux sans retour, jeux de baisers pour les bienvenus
et, en haut des plus beaux arbres, nichent les amours blessés,
pour un train,
qui attend avec toi le signal de l'arrivée d'un air nouveau,
d'un geste nouveau,
d'un pas nouveau,
d'un train nouveau.
Je t'ai revu à la gare et en toi je me suis vu, peu à peu,
cherchant un train mystérieux, qui vient de loin, s'il va quelque part,
et je vois comment dorment les adieux, comment s'inquiètent les retours
pour un train.
Que, finalement, quand l'automne peint un nouveau ciel à la gare,
tous nous attendons le passage d'un train, qui va très loin, s'il vient de quelque part.
Certains pour que tu arrives, d'autres pour qu'il nous emporte
ce train.
Et avec toi nous attendons le signal de l'arrivée d'un air nouveau,
d'un geste nouveau,
d'un pas nouveau,
d'un train nouveau.