Mis Harapos
Julio Jaramillo
Mes Haillons
Chevalier des rêves, j'ai une plume pour épée
Ma parole est le château de mon illusion versifiée
Ma chevelure romantique, si lisse et mal coiffée
Est plus belle que les tresses bouclées en lin
J'ai un cousin, il est riche, puissant, bien aimé
Moi, je suis pauvre, malade, je pense, j'écris et je rêve
Et une nuit de ces nuits si amères que j'ai endurées
Mes haillons frôlèrent son smoking en passant
Il me regarda distraitement, ne laissa pas sa main blanche
Se serrer avec la mienne, contaminée par la peur
Et son smoking le vêtait, mon élégant cousin-frère
Et il s'éloigna, gêné, de son cousin le rêveur
Le temps glacial parfois se faisait cruel
Je ressentais le froid à l'intérieur, le froid dehors et tout ainsi
Et me rapprochant d'une porte, je me mis à pleurer
Et pleurant comme un enfant, comme un homme, je maudis.