Veterano
Frank Delgado
Vétéran
L'Angola n'était pour moi qu'un nom étrange
sur la carte de mes premières années.
Jusqu'à ce qu'un jour, du jour au lendemain,
ça devienne une nouvelle à la une.
Et sans trop d'explications,
confus et en tenue de camouflage,
un jour, nous montons dans les avions.
Et avec l'amour qui grandit à distance,
après avoir traversé les nuages,
aterrissons dans une ville appelée Luanda.
Angola, ma mère est en réalité restée seule
me cherchant sur une carte étiquetée en portugais
à travers tes villes sales et bruyantes.
Angola, ma copine cherchait de la chaleur humaine,
mon chien, un nouveau maître.
Et il se peut même qu'un jour on m'appelle vétéran.
Je me suis trouvé une photo d'Agostinho Neto
et j'y ai mis une perle comme amulette.
La peur du combattant m'a collé à la peau,
me protégeant des moustiques, des serpents,
de la mort qui se cache entre les lianes
ou dans les pas incertains des blindés
quand ils avancent en caravane.
Un jour, on nous a accueillis avec joie,
un autre jour, alors qu'on attendait la même chose,
on nous a insultés et maudits.
Je connais la confrérie des braves,
ceux qui, dans le fracas, avancent toujours en avant,
ceux qui cachent leurs exploits derrière la modestie,
autres qui se sont inscrits plus que de raison,
certains qui se sont enrichis avec la guerre
et les dimanches organisaient des safaris,
ainsi que des amis qui ne sont pas revenus.
Mais ce que mon peuple a donné dans cette bataille,
désolé pour l'adjectif, mais ça ne tient pas
sur la tôle d'une médaille.