Latinoamérica (part. Totó La Momposina, Susana Baca y Maria Rita)

Je suis, je suis ce qu'ils ont laissé
Je suis tout ce qui reste de ce qu'ils ont volé
Un peuple caché au sommet
Ma peau est en cuir, c'est pour ça qu'elle supporte tous les climats

Je suis une usine de fumée
Main-d'œuvre paysanne pour ta consommation
Un vent froid en plein été
L'amour au temps du choléra, mon frère

Je suis le soleil qui se lève et le jour qui s'éteint
Avec les plus beaux couchers de soleil
Je suis le développement à vif
Un discours politique sans salive

Les visages les plus beaux que j'ai connus
Je suis la photo d'un disparu
Le sang qui coule dans tes veines
Je suis un morceau de terre qui en vaut la peine

Un panier de haricots
Je suis Maradona contre l'Angleterre, te marquant deux buts
Je suis ce qui soutient mon drapeau
La colonne vertébrale de la planète, c'est ma cordillère

Je suis ce que m'a appris mon père
Celui qui n'aime pas sa patrie, n'aime pas sa mère
Je suis l'Amérique Latine
Un peuple sans jambes, mais qui marche, écoute !

Tu ne peux pas acheter le vent
Tu ne peux pas acheter le soleil
Tu ne peux pas acheter la pluie
Tu ne peux pas acheter la chaleur

Tu ne peux pas acheter les nuages
Tu ne peux pas acheter les couleurs
Tu ne peux pas acheter ma joie
Tu ne peux pas acheter mes douleurs

Tu ne peux pas acheter le vent
Tu ne peux pas acheter le soleil
Tu ne peux pas acheter la pluie
Tu ne peux pas acheter la chaleur

Tu ne peux pas acheter les nuages
Tu ne peux pas acheter les couleurs
Tu ne peux pas acheter ma joie
Tu ne peux pas acheter mes douleurs

J'ai les lacs, j'ai les rivières
J'ai mes dents pour quand je souris
La neige qui maquille mes montagnes
J'ai le soleil qui me sèche et la pluie qui me baigne

Un désert ivre de peyotl
Un verre de pulque pour chanter avec les coyotes
Tout ce dont j'ai besoin
J'ai mes poumons respirant un bleu clair

L'altitude qui étouffe
Je suis les molaires de ma bouche, mâchant de la coca
L'automne avec ses feuilles défaillantes
Les vers écrits sous la nuit étoilée

Une vigne pleine de raisins
Un champ de canne à sucre sous le soleil à Cuba
Je suis la mer des Caraïbes qui veille sur les petites maisons
Faisant des rituels d'eau bénite

Le vent qui coiffe mes cheveux
Je suis tous les saints qui pendent à mon cou
Le jus de ma lutte n'est pas artificiel
Parce que l'engrais de ma terre est naturel

Tu ne peux pas acheter le vent
Tu ne peux pas acheter le soleil
Tu ne peux pas acheter la pluie
Tu ne peux pas acheter la chaleur

Tu ne peux pas acheter les nuages
Tu ne peux pas acheter les couleurs
Tu ne peux pas acheter ma joie
Tu ne peux pas acheter mes douleurs

On ne peut pas acheter le vent
On ne peut pas acheter le soleil
On ne peut pas acheter la pluie
On ne peut pas acheter la chaleur

On ne peut pas acheter les nuages
On ne peut pas acheter les couleurs
On ne peut pas acheter ma joie
On ne peut pas acheter mes douleurs

Tu ne peux pas acheter le soleil
Tu ne peux pas acheter la pluie
(On marche) dans le rire et l'amour
(On marche) dans les larmes et la douleur

(On dessine le chemin) le soleil
Tu ne peux pas acheter ma vie
(On marche) la terre
Elle n'est pas à vendre

Travail brut, mais avec fierté
Ici on partage, ce qui est à moi est à toi
Ce peuple ne se noie pas dans les vagues
Et s'il s'effondre, je le reconstruis

Je ne cligne même pas des yeux quand je te regarde
Pour que tu te souviennes de mon nom de famille
L'Opération Condor envahissant mon nid
Je pardonne, mais je n'oublie jamais, écoute !

(On marche)
Ici on respire la lutte
(On marche)
Je chante parce qu'on m'entend
(On dessine le chemin) voix d'un seul cœur
(On marche) ici nous sommes debout

Vive l'Amérique !

Tu ne peux pas acheter ma vie